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62 LA SACRALISATION DU POUVOIR
roi,
il a souligné que le pape n'avait qu'un corps ! En effet, alors que le corps du roi
connaît une perpétuation dans un autre corps qui est le corps de son héritier, le pape
ne peut pas se perpétuer dans un corps qui viendrait génétiquement de lui. Dans le
cas du pape, le corps qui continue est celui de l'Eglise - représentée par les cardinaux
pendant la vacance - et non celui de son héritier biologique (comme c'est le cas dans
une succession dynastique royale). L'Eglise est une institution élective, ce que n'est
pas la royauté
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. Alors que «le roi ne meurt jamais» (le roi survit au roi), même
le pape meurt. Par conséquent, tout l'effort de l'Eglise romaine a été de tenter de
résoudre le problème de la continuité de l'institution en permettant la succession de
deux corps différents, celui du pape défunt et celui du nouveau pontife. L'Eglise est
immortelle, mais le pape, lui, ne l'est
pas.
Après lui, ce sont les cardinaux qui doivent
recommencer et élire un nouveau pape. Si la formule qui convient à la monarchie est
«Le roi est mort, vive le roi
!
», celle qui rend compte de la continuité de l'institution
ecclésiale par-delà la mort du pape pourrait être «Le pape est mort, vive l'Eglise.
Cependant, si le pape n'a qu'un corps, Paravicini Bagliani montre aussi qu'il a deux
personnes (ou peut-être - à l'image du Christ - deux natures) : la personne physique
d'une part, et, d'autre part, une supra-personnalité institutionnelle qui le place - en
tant que représentant du Christ sur terre - au-dessus de la condition humaine.
C'est au croisement de cette approche anthropologique du pouvoir et de cette
attention particulière portée au corps dans les études médiévales que je voudrais placer
mon analyse, en envisageant plus spécifiquement les rituels liés à l'investiture du pape
et à ses funérailles, tels qu'ils existent - ou se mettent en place - au xiif siècle.
Pourquoi le xin* siècle ?
Le xiir
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siècle est particulièrement intéressant en ce qui concerne la papauté,
dans la mesure où beaucoup d'institutions et de rituels se mettent en place à ce
moment-là, répondant aux transformations profondes survenues au sein de l'Eglise
depuis le courant des années 1050. C'est donc une période qui innove de manière
décisive sur le plan institutionnel et rituel
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. A ce titre, ce siècle constitue un bon
«laboratoire» pour observer concrètement la papauté et l'ecclésiologie médiévales à
l'oeuvre. Plusieurs éléments qui aujourd'hui encore nous semblent consubstantiels au
fonctionnement de l'Eglise catholique romaine ont trouvé leur origine, non seulement
au Moyen Age mais pour beaucoup d'entre eux, au xm* siècle. En outre, l'Eglise (et
la papauté) n'a jamais été aussi puissante qu'en ce siècle-là : l'institution continue de
bénéficier des apports du mouvement réformateur du xf siècle, sans connaître encore
le déclin du xrv*. Le long xin
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siècle que j'envisagerai couvre la période qui va des
pontificats d'Innocent ni à celui de Boniface vin, soit de 1198 (début du premier) à
1303 (fin du second). Sans revenir en détail sur la réforme grégorienne - dont l'un
des objectifs était de lutter contre la mainmise du pouvoir impérial sur l'Eglise -, il
faut rappeler qu'à partir du pontificat de Grégoire vu au xf siècle, on assiste à une
monarchisation de l'institution ecclésiale romaine qui s'accompagne d'un processus
d'imitatio imperii («imitation de l'empire») : le pape absorbant en quelque sorte
dans sa personne les prérogatives de l'empereur. Pour les théoriciens favorables à
la théocratie pontificale (fondée en grande partie sur l'augustinisme politique
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),
le pape devient détenteur de la plénitude de puissance. Aux xif-xm
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siècles, ce
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