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156 LA SACRALISATION DU POUVOIR
Paray-le-Monial. Dans les rues, les gares, autour des sanctuaires, on entendit retentir
le célèbre chant de guerre de rultramontanisme, parfois qualifié de
«
la Marseillaise
catholique», qui identifiait la cause de la France avec celle de la Papauté. :
Sauvez Rome et la France
Au nom du Sacré Cœur
65
.
Quant au Vœu national, qui déboucha sur la construction de la Basilique du
Sacré-Cœur à Montmartre, il trouve son origine dans l'inspiration d'un pieux parisien,
Alexandre Legentil, qui avait quitté Paris pendant la guerre et trouvé audience auprès
de l'évêque de Poitiers, M
6
* Désiré Edouard Pie (1815-1880), proche conseiller
du comte de Chambord. Sous l'impulsion de l'évêque fut décidée l'érection d'un
monument destiné à associer la révolution (la
«
grande
»
et la Commune de Paris) au
déclin national. C'est l'évêque de Poitiers, orateur remarquable et champion, avec
Louis Veuillot, de l'ultramontanisme, qui, dans la cathédrale de Chartres, le 26 mai
1873,
au moment où se précisaient les espoirs de restauration monarchique, posa les
bases de cette théologie politique :
Tel
est le cri
de
Rome et
de
l'Eglise... Tel est aussi le cri de
la France en
détresse.
Elle attend un
chef,
elle appelle un maître
; elle
n'en
a pas
aujourd'hui,
et,
sans
alliance
au dehors, sans cohésion et sans force à l'intérieur, elle n'a d'espoir que dans le Roi
des Cieux, ce Roi Jésus auquel il a plu de se qualifier autrefois Roi de France
w
.
Les cordiphores dans la mitraille
La dévotion au Sacré-Cœur fut assez répandue dans l'armée française pendant
la première guerre mondiale. De nombreux officiers et soldats - les
«
cordiphores
»
- firent coudre l'image du Sacré-Cœur sur le drapeau français ou sur leur uniforme.
L'emblème fut en fait tiré à des millions d'exemplaires et fit bientôt figure de «porte-
bonheur du soldat». L'engouement fut tel que les préfets durent prendre des mesures
d'interdiction. Il y eut toutes sortes d'excentricités : une visionnaire du diocèse de
Poitiers, Claire Ferchaud (1896-1972),e près de Cholet, prétendit avoir reçu des
révélations en l'église de Loublande (département des Deux-Sèvres), et écrivit même
au président de la République pour demander l'apposition officielle de l'emblème
sur le drapeau français. La lettre fut remise à Poincaré en janvier 1917 par le député
royaliste d'origine vendéenne, le marquis de Baudry d'Asson (1836-1915). Elle
accusait aussi la franc-maçonnerie de trahir la France. La jeune fille fut désavouée
par le cardinal Amette, et Rome condamna l'instauration de Loublande comme lieu
de pèlerinage.
De même, un brillant officier, qui s'était distingué en Lorraine et dans la
campagne de
1*
Yser, Henry Grémillon, fut mis aux arrêts pour avoir arboré le symbole
sur son uniforme. Il fut interné dans un asile, puis réformé pour troubles mentaux par
une commission militaire. Lui aussi écrivit au président de la République : avec mille
cordiphores, disait-il, il se faisait fort de gagner la guerre...
67
.
Le Sacré-Cœur s'installait définitivement au centre d'un système idéologique
caractérisé par un étonnant mélange d'anti-républicanisme, d'anticléricalisme et de
mystique politique, laissant présager toutes les dérives intellectuelles...
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