
170 LA SACRALISATION DU POUVOIR
Pauline Porry et Balthasar-Joseph Paris
M**
de Mazenod fut confronté à une autre mystique, Pauline Porry, et à un autre
oblat, Balthasar-Joseph Paris. En 1841-1842, ces deux protagonistes voulurent fonder
aussi des Victimes du Sacré Cœur, mais versèrent dans « toutes les extravagances
dont l'imagination et la sensibilité des femmes sont capables ». En 1847, l'évêque
de Marseille crut devoir « dissiper ce foyer d'erreurs et de sottises » et ordonna « la
dissolution de cette communauté »
26
. On aimerait aller voir dans les archives les
ressemblances et les différences entre ce duo et le précédent, en particulier dans les
messages et les retombées politiques de leurs expériences mystiques. Les options
légitimistes de l'évêque, qui n'étaient pas partagées par tous les oblats, ont-elles joué
un rôle ?
Catherine Labouré (1806-1876) et Jean-Marie Aladel (1800-1865)
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La dimension politique des expériences mystiques de Catherine Labouré et de
la diffusion de la médaille dite miraculeuse par son directeur le lazariste Jean-Marie
Aladel est rarement mise en avant. Les rayons lumineux qui unissent le ciel et la terre
dans la vision et sur la médaille visent la France qui en a grand besoin. « Cette boule
que vous voyez représente le monde entier, particulièrement la France »
28
. Ailleurs
elle regrette la chute de Charles x: « C'est là que j'ai eu cette pensée que le roi de la
terre serait perdu et dépouillé de ses habits royaux »
29
. Durant l'été 1870, Catherine
Labouré a frémi à la vision des incendies et des drames de la Commune
30
. Le port
de la médaille dite miraculeuse qui est un acte de protection individuelle débouche
également sur une protection collective et sociale. Le port public de la médaille n'est-
il pas un acte religieux et politique à la fois ?
Sainte Thérèse Couderc
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(1805-1885)
et Sébatien Fouillot
32
,
jésuite (1798-1877)
Le rapprochement de ces deux personnes est osé puisqu'il n'a pas vraiment
eu lieu dans les faits, mais qu'il a seulement été construit a posteriori. Pourtant il
éclaire, semble-t-il, un aspect caché de la vie sociale et politique de leur époque
en en révélant la dimension mystique. Pendant sept ans (1837-1844), après avoir
perdu en 1834 Etienne Terme le prêtre fondateur avec elle des Filles de la Retraite,
Thérèse Couderc est méconnue et persécutée au sein de cette communauté voulue
par elle pour former des femmes par la pratique des retraites fermées. Elle vit ainsi le
programme d'abnégation qu'elle
s'est
proposé et qu'elle a reçu dans la pratique des
Exercices spirituels en 1829-1830. Sébastien Fouillot, quant à lui, est l'instructeur
du troisième an des jésuites pendant trente-quatre ans de 1835 à 1869. Autant dire
qu'il est l'éminence grise de la Compagnie pendant plusieurs générations. Or son
message porte aussi sur l'abnégation. Il s'en inspire pour rédiger les constitutions
de la communauté qui s'appelle désormais Notre-Dame de la retraite au Cénacle
à la demande des nouvelles responsables. On devrait pouvoir montrer qu'il y a
chez Thérèse Couderc comme chez Sébastien Fouillot la même logique christique
d'acceptation de la persécution comme source de fécondité et de réussite pour ceux
au profit desquels elle est vécue, persécuteurs et persécutés. Et ceci aussi bien pour
la congrégation naissante qui ignore sa fondatrice que pour la France et l'Italie
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