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SUR LA TERRE DU REMORDS 157
Conclusions
L'histoire
de
la dévotion, qui se confond souvent avec celle de l'image, du symbole
qui l'a matérialisée, appartient incontestablement à l'histoire des mentalités, et plus
particulièrement à l'histoire perçue des relations entre le Pouvoir et le Sacré, relations
qui s'organisent dans un jeu d'interdépendance continue entre l'anthropologique et le
politique.
Sur le plan anthropologique, le culte du Sacré-Cœur touche d'abord, dans la
tradition théologique, au mystère central de l'Incarnation. II est clair que son succès
est notamment dû à son aspect spectaculaire, à son matérialisme, maintes fois
dénoncé par les élites intellectuelles (l'abbé Grégoire, Michelet), mais propice au
développement de formes de piété baroque, affective, sentimentale, débordant des
cadres établis. On le voit bien, par exemple, dans le dernier avatar révolutionnaire
de la théologie du Cœur, la mort de Marat, dont le cœur fut embaumé et placé dans
une urne. La traditionnelle méditation sur la plaie du Christ donne lieu ici à toute
une amplification parodique. Lors de la cérémonie d'hommage organisée pour la
circonstance au jardin du Luxembourg, un panégyriste invoqua le «sacré Cœur de
Marat» ; il le mit en parallèle avec celui du Christ et conclut: «Jésus est un prophète
et Marat est un Dieu»
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. Cette volonté de dérision apparaît également dans le fameux
tableau de David, où l'on retrouve, dans la peinture du tribun blessé à mort, quelque
chose de la fascination catholique pour la plaie.
Plus généralement, sont impliquées dans la dévotion toutes les formes de
religiosité populaire, qui furent reprises en main par l'idéologie ultramontaine. Après
la Révolution et la déchristianisation consécutive, un des axes de son entreprise de
reconquête visait manifestement à restaurer la visibilité du christianisme, à indiquer
aux masses le sens du monde, à leur proposer des repères rassurants : sculpture
mariolâtrique des espaces publics (le Puy-en-Velay), christianisation du décor de la
vie,
construction de sanctuaires, esthétique sentimentale (Marie-Madeleine, mater
dolorosa...)
m
. Il est également clair que l'image a servi d'instrument de mobilisation
des masses autour de lieux de consécration nationale, aux premiers rangs desquels la
basilique de Montmartre et Paray-le-MoniaL
La dévotion est aussi, comme on Ta vu, au centre de la christologie, ce qui a
notamment assuré son succès. En effet, aux alentours de 1840, on note un véritable
«corne back» de Jésus, manifeste sur deux plans : à l'extérieur et à l'intérieur de
l'Eglise. A l'extérieur de l'Eglise : dans la mesure où Jésus fut tenu en grande estime
par les démocrates de 1848, dans la décennie précédant la Révolution, émerge un
populisme chrétien désireux de prendre ses distances par rapport à la bourgeoisie
orléaniste demeurée voltairienne. Lamennais, dans Le Livre du peuple (1837),
recommande le retour à l'Evangile comme un moyen d'émancipation sociale ;
Alphonse Esquiros (1812-1876), dans L'Evangile du peuple, (1840) développe l'idée
que le Royaume de Dieu sera matérialisé par l'émancipation des pauvres. On le sait,
la révolution de 1848 n'a pas été anticléricale ; des prêtres y ont participé ; l'image du
Christ y a été convoquée comme un modèle
70
.
A l'intérieur de l'Eglise, le courant christocentrique s'alimenta entre autres aux
thèmes proposés par Alphonse de Liguori, inspirateur d'une nouvelle morale, plus
«
sentimentale
»
(voir sa Pratique de l'amour envers Jésus Christ, 1839, qui connut de
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