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16 LA SACRALISATION DU POUVOIR
si la convocation du Sanhédrin ne fut pas une mise en scène savante en vue de poser
l'empereur en véritable rédempteur, comme un nouveau Moïse.
Pratiques, rituels et ancrages symboliques s'insèrent donc à la fois dans la
longue durée et dans le contexte conjoncturel pour dire la référence à des systèmes
de valeurs religieuses légitimants. C'est à des valeurs traditionalistes - et même
contre-révolutionnaires - que sont consacrées les deux études d'Hervé Hasquin et
Jacques Marx. La première examine, notamment à partir de la Législation historique
du sacrilège chez tous les peuples, de Saint-Edme (pseudonyme de Edme-Théodore
Bourg, Paris, 1825), les circonstances dans lesquelles fut proclamée, dans la France
de la Restauration - alors dominée par le parti « ultra » - la « Loi de sacrilège »
(1825),
un document d'un radicalisme extrême, «jusqu'à l'extravagance», note
Hervé Hasquin, qui en étudie par le menu la genèse et les différentes moutures. On
y découvre entre autres que la peine de mort est susceptible de frapper quiconque se
sera rendu coupable d'avoir profané des vases sacrées ou des hosties consacrées !
Elle ne fut pourtant jamais appliquée, en raison même de son caractère
excessif,
qui
frisait l'hystérie. Il n'empêche, le fait même qu'elle ait pu être conçue et discutée
montre la rémanence théocratique de la société française d'ancien régime, dans son
rêve d'assimiler le délit à une faute contre l'Ordre divin. Hervé Hasquin observe
également que la rupture avec l'ordre juridique d'un Etat moderne qu'impliquait
la loi, était hors du temps, comme l'avait été celle qui voulait punir le respect du
dimanche et jours de fêtes. On sait que le thème du non-respect du dimanche a été,
dans l'imaginaire religieux, perçu comme un « péché français » par excellence,
comme on le voit notamment dans les mandements des évêques du temps
30
.
J. Marx examine, lui, la réception de l'image du Sacré-Cœur dans la culture
religieuse française du
xix*
siècle. Ici, l'instrumentalisation instaure, face à la France
républicaine officielle, une contre-mémoire de la rupture issue directement du trauma
révolutionnaire. Appuyée sur un discours de la culpabilité et de la repentance, elle
débouche sur une véritable « idéologie de ghetto », nourrie d'allusions directes
ou indirectes à l'ancienne monarchie et des promesses plus ou moins vagues de
restauration d'un ordre révolu. C'est la configuration de ce discours qu'analyse
l'étude Sur la terre du
remords.
Le Sacré-Cœur et la France au xnf siècle qui, partant
du thème de la mort du roi, fait voir l'émergence, dans la sphère ultraconservatrice
française, d'un système de défectivité axé sur le manque, l'échec et les «illusions
perdues». Le destin contrarié de la monarchie française est désormais perçu
comme un «royalisme du désespoir», dont l'évolution est allée dans le sens d'une
idéologisation négative et passéiste
31
. Ses caractéristiques principales sont : la perte
de contact avec la réalité qui
s'est
traduite, au fur et à mesure que s'amenuisaient
les espoirs de restauration monarchique, par un recours de plus en plus marqué
aux moyens surnaturels, ainsi qu'une dérive intellectuelle dont le centre de gravité
fut un «religieux d'abord» postulant que tout est signe, sens, et qui reportait dans
l'imaginaire la solution du problème politique. Parmi ces signes, l'image clef du
Sacré-Cœur de Jésus donne lieu à toute une dramaturgie expiatoire accompagnant
le développement, non seulement d'une rhétorique de la culpabilité et de l'expiation,
mais aussi d'une série de manipulations politico-religieuses cherchant à inscrire
visiblement le thème du «péché de la France» dans l'espace politique français. Du
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