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134 LA SACRALISATION DU POUVOIR
Un Etat est encore politiquement ou légalement athée, lorsqu'il professe
l'indifférence des religions, parce que c'est au fond n'en reconnaître aucune (...).
L'indifférence consiste donc à tenir pour également vraies toutes les religions, ou
plusieurs religions diverses
(p.
16-17).
Or, c'est bien le problème du projet de loi, en dépit des acrobaties du
gouvernement dans sa présentation faciale : le législateur est tenu de respecter
l'article 5 de la Charte et par conséquent ne peut se permettre d'ignorer les
autres cultes ; par conséquent, il finit par accorder une égale protection aux autres
confessions religieuses face « aux crimes et délits commis dans les édifices consacrés
aux cultes légalement établis en France ».
Bref,
le reproche fondamental formulé par
La Mennais à rencontre du projet est qu'au bout du compte, il en arrive à considérer
comme également vraies plusieurs religions. Il martèle sa conclusion :
Mais ces cultes contradictoires ne peuvent être également vrais que dans le
sens où ils seraient tous faux
;
le projet de loi les suppose donc faux, il établit donc
l'indifférence des religions, il est donc athée
(p.
17).
Enfin, nulle part
le
projet ne parle de « religion catholique, apostolique, romaine »,
mais uniquement de la religion de
l'Etat.
Cette formulation rappelle une évidence
:
si
la religion catholique se voit reconnaître un certain nombre de droits, « ce n'est pas
à cause d'elle et de sa vérité, mais uniquement à cause de la profession que l'Etat en
fait », un Etat qui a donc la possibilité d'en adopter une autre
16
.
Bien que cette loi scélérate ait réuni des opposants venus d'horizons idéologiques
très différents, elle franchit le cap des deux Chambres sans trop d'encombre. Par
rapport au texte déposé, un seul aménagement fut apporté : la suppression de la
peine du parricide (mutilation suivie de mort) dans le cas de profanation des hosties
consacrées.
L'intention du gouvernement, sous l'emprise de ses ultras, était de donner un
signal fort quant à sa volonté de rétablir l'Eglise dans ses privilèges et de restaurer
l'ordre moral catholique. Mais plusieurs des partisans de la loi ne nourrissaient guère
d'illusions sur les possibilités de la mettre en œuvre : on ne juge pas des intentions !
La loi du 20 avril 1825 ne fut donc jamais appliquée. Ses dispositions excessives la
rendaient inopérante, un peu comme ces placards de Charles Quint qui, au summum
de l'hystérie antihérétique, condamnaient à mort quiconque oserait parler de théologie
sans être théologien...
Beaucoup de ces ultras, mais pas tous et notamment Chateaubriand, avaient
sous-estimé la volonté d'une majorité de Français : préserver les libertés et les droits
acquis à la fin du xviir
5
siècle. La rupture avec l'ordre juridique d'un Etat moderne
qu'impliquait la loi, était hors du temps, comme l'avait été celle qui voulait punir le
respect du dimanche et jours de fêtes. Ramener le délit à un péché, c'est-à-dire à une
faute contre l'Ordre divin, nier en d'autres termes les principes du droit moderne tels
que les avait énoncés si brillamment le marquis de Beccaria (1738-1794) dans Des
délits et des peines en 1764, était devenu impossible. A la même époque, le chevalier
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