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LA LOI DU
SACRILÈGE
DANS
LA
FRANCE
DE LA
RESTAURATION
(1825)
133
homme du
XLX*
siècle, ou un simple adorateur de la théocratie et de l'Ancien Régime
celui qui ose plaider en ces termes la cause d'une aussi mauvaise loi :
Osons proclamer ici des vérités fortes. Si les bons doivent leur vie à la société
comme service, les méchants la lui doivent comme exemple... La société en punissant
de mort le coupable, ne fait au fond que le renvoyer devant son juge naturel, devant
celui qui sonde les cœurs et les reins et proportionne la peine au forfait '
3
.
Face à ce déluge antilibertaire, antimoderniste, contre-révolutionnaire dans le
sens plein du terme, un certain nombre d'ultras convaincus que tirer un trait de plume
sur les libertés nouvelles est désormais impossible, joignent leur éloquence à celle des
opposants. Chateaubriand fut de ceux-là :
Si le titre premier avait été supprimé, que de difficultés ont évitées ! (...). On
ne vous aurait pas dit que vous vous mettiez en contradiction avec votre Code civil,
votre Code criminel, et la Charte, votre loi politique ; qu'enfin vous sortiez des mœurs
du siècle pour remonter à des temps que nous ne connaissons plus
14
.
Des débats tels que ceux qui ont émaillé ce processus législatif sont aussi le
révélateur de la contradiction interne que recèle la Charte de 1814, en tout cas de
l'obstacle juridique majeur que son article 5 constitue car il est difficile de faire
abstraction des libertés religieuses. La Charte érige le catholicisme au rang de religion
d'Etat, mais l'article 5 est par ailleurs imprégné des principes hérités du siècle des
Lumières : « Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son
culte une égale protection ».
En fait la droite monarchique est plus désunie que ne le laissent paraître l'action
gouvernementale et les votes intervenus dans les Assemblées. A l'extérieur des
enceintes parlementaires, on voit poindre derrière l'ultraroyalisme un ultramontanisme
qui ne
s'est
pas encore révélé dans toute sa limpidité, mais qui dénonce déjà une
compromission trop étroite entre la politique et la religion. L'abbé de La Mennais en
est le fer de lance naissant.s la seconde discussion du projet de loi à la Chambre
des pairs, en janvier 1825, il diffusa un opuscule qui poursuivait un but : discréditer
totalement le projet aux yeux des vrais catholiques en démontrant son caractère vain
et pernicieux
15
.
Le fougueux abbé dénonce l'arrogance de l'Etat ; quelle audace de croire que
le juge pourra « pénétrer dans le cœur du coupable » pour y découvrir « ce qui ne
peut être vu que par Dieu seul » ? Comment imaginer qu'on puisse déterminer les
sentiments - « par haine ou mépris de la religion » - qui ont déterminé un acte ? Ce
n'est rien d'autre qu'un retour à la question intentionnelle de si triste mémoire « dans
les fastes de la législation révolutionnaire ». Cette disposition est absurde, mais surtout
« impie » (p. 14), car « la justice humaine ne regarde, ne peut jamais regarder que les
actes : le reste n'est pas de son ressort » (p. 15). Non seulement l'article 2 est impie
car on y commet une autre espèce de sacrilège en prenant « la place du souverain
Etre », mais le projet est athée dans son ensemble ; il est la marque de l'athéisme
politique ou de / 'athéisme légal :
Un Etat est politiquement ou légalement athée lorsque Dieu est exclu de ses
lois,
lorsque la religion ne fait pas partie essentielle de sa constitution, lorsqu'elle est
également bannie et des institutions politiques et des institutions civiles : c'est ce que
la Révolution a fait en France, et ce qu'elle s'efforce de conserver.
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