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MAURICE BARRÉS ET LE CULTE DE JEANNE
D*
ARC 189
vallée natale, c'est un tel échange d'influences
que
je ne m'étonne point si l'image que
je garde aujourd'hui de ce canton béni répète les grands traits moraux
que
j'ai
toujours
cru voir au visage de Jeanne d'Arc », « (...) à Domrémy Jeanne se respire encore »
30
.
Tout le système politique de Barrés est fondé sur le principe de la rêverie
:
le culte de
la terre et des morts n'a aucun fondement scientifique, même s'il arrive à Barrés de se
laisser aller à la recherche de cautions pseudo-savantes. La dette du vivant à l'égard
des morts ne s'appuie pas sur des filiations sclérosantes mais sur le décryptage ému de
traces
:
« L'ombre de Jeanne est sur
cette
vallée comme un mystérieux clair de lune »
3l
.
Partant, Jeanne d'Arc n'est pas réductible à un quelconque régionalisme : « Tout ce
pays,
bien qu'il s'unisse avec la pensée de l'héroïne, est insuffisant à la définir et à la
contenir, comme il le fut à la retenir »
n
. Le paysage auquel on s'enracine est un socle
qui n'enferme pas et une assise qui rend possible la déambulation dans le monde en
évitant au sujet errance et effacement.
Jeanne d'Arc, comme ne cesse de le redire Barrés dans ses Cahiers, est fille des
bois sacrés : « Jeanne était sensible, perméable aux vieilles fables, aux forces antiques
du sol natal. Son église et son foyer familial n'étaient pas le terme extrême au delà
duquel elle ne remontait
pas.
Beaucoup de choses lui venaient de la Gaule romaine et
de la Gaule
pure.
Les hypothèses de détail seraient bizarres et contestables mais si l'on
écoute le son de sa vie il s'accorde avec les plus vieilles légendes celtiques. Jeanne
a ses racines dans tous les étages de la nation française »
33
, écrit Barrés dans une
conférence prononcée sur Jeanne d'Arc à l'Université
des
Annales le 20 janvier 1908.
Jeanne n'est pas seulement l'héroïne chrétienne, c'est l'héroïne nationale, aussi bien
gauloise que catholique. Barrés y revient encore en 1910 : « Jeanne a prié la Vierge
près des fontaines, elle aimait les cloches, elle combine l'héroïsme romanesque des
druides avec les délicatesses et les austérités des hommes qui sont venus détruire le
culte des anciens héros. Elle est le point de fusion »
M
. Barrés, lorsqu'il participe à
la commission parlementaire chargée d'examiner l'éventuelle institution d'une fête
nationale, note dans ses Cahiers l'unanimité qui se dégage autour de la figure de
Jeanne d'Arc. Ce qui fait échouer le projet, c'est la crainte de voir Jeanne d'Arc et
donc cette fête nationale récupérées par l'Eglise. Tout le travail de Barres consiste
alors à déchristianiser Jeanne ou du moins à la repaganiser. Il cite Hugo qui, dans
son William Shakespeare^ regrette que Jeanne d'Arc n'ait pas de monument digne
d'elle : « Il faut à Jeanne d'Arc un trophée grand comme Notre-Dame. Quand
Paura-t-elle ? ». Parce qu'en elle se combinent des aspirations plurielles, Jeanne
apparaît comme l'emblème exemplaire de l'accord intérieur, seul rempart contre
la dissémination, cette phobie barrésienne : « Les diverses puissances religieuses
éparses dans cette vallée meusienne, à la fois celtique, latine et catholique, Jeanne les
ramasse et les accorde, dût-elle en mourir, par un effet de sa noblesse naturelle »
35
.
Jeanne d'Arc apparaît comme la seule figure qui puisse réconcilier les diverses
sensibilités politiques de la France.
Images du rite
Comme tout rite sacré, le culte rendu à Jeanne d'Arc se situe au carrefour de
quatre réalités : le mythe fondateur (l'histoire tragique de Jeanne) ; la re-présentation
symbolique du récit originel par le rite (sa réactualisation) ; la consolidation du
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