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PHILON D'ALEXANDRIE, AMBASSADEUR 25
La montée en force des rumeurs et autres calomnies devait mener à un incident
qui fut à l'origine indirecte des premières scènes de violence. C'est la fameuse
scène de Carabas qui peut être rapprochée des scènes d'outrages dépeintes par les
Evangiles
7
. Le thème du roi devenu fou est en effet emprunté à la littérature vétéro-
testamentaire, notamment au travers de la figure du roi Satil décrit comme en proie à
des crises de démence.
Il y avait un dénommé Carabas, atteint de folie, non pas de folie sauvage et
bestiale
- car
cette
dernière est dangereuse pour
ceux
qui en sont atteints et pour ceux
qui les approchent - mais de folie bénigne et plus douce. Cet individu qui restait nu
jour et nuit par les chemins, sans chercher à éviter la chaleur ni le
froid,
était
le
jouet
des
gamins et des jeunes
désœuvrés.
Ils
poussèrent ensemble
ce
malheureux jusqu'au
gymnase, l'installèrent dans le haut, bien en vue
de
tout le
monde.
Ils aplanissent une
feuille
de
papyrus qu'ils lui mettent sur
la tête en guise de
diadème.
Ils lui couvrent le
reste du corps d'une carpette en guise de chlamyde
et,
en guise de sceptre, l'un d'eux
lui
remet
un
petit bout
de
tige
de
papyrus
du
pays,
qu'il avait aperçu, jeté
au
rebut,
sur
la
route
(In
Flaccum,
37,
trad.
A.
Pelletier).
C'est bel et bien la dérision des symboles du pouvoir de la royauté qui est ici
mimée, théâtralisée, par les détracteurs du judaïsme. Ces scènes de dérision doivent
être lues en synoptique avec le pillage systématique des synagogues et « sur un mot
d'ordre qu'on érigeât des statues dans les synagogues, cherchant ainsi à créer», nous
dit Philon, «le précédent d'un méfait inouï et jamais encore perpétré ». C'est un
travestissement du sacré suivi d'une transformation forcée des lieux de culte qui est
l'objet de cette insurrection alexandrine. Le laxisme du préfet, voire sa complicité,
débouchera dans les jours qui suivirent sur des exactions, puis des massacres.
La même théâtralisation sera utilisée pour supplicier certains membres de la
communauté et pour tourner en ridicule certains interdits alimentaires du judaïsme.
Les femmes juives turent emmenées au théâtre et si elles refusaient de manger de la
viande de porc, elles étaient livrées aux bourreaux. Philon décrit au fil de ces pages
une anti-religion qui se construit peu à peu au travers d'une symbolique qui, en creux,
reflète un modèle dichotomique de type platonicien (amour-haine, respect-violence,
lois-désordre, etc.)
8
.
Ce processus de théâtralisation apparaît au fil des textes politiques de Philon
comme une médiation indispensable lorsqu'il
s'agit
de déployer le pouvoir. La
dérision de la royauté d'Agrippa se fait spectacle au travers des symboles afférents à
l'image traditionnelle de la royauté dans l'empire. Au travers du pauvre Carabas, c'est
la tragédie d'une cité gouvernée par un « fol » qui se met en scène ou, pour être plus
nuancé, c'est le risque d'un glissement vers la folie politique que fustige la population
d'Alexandrie. Les Alexandrins mirent ainsi symboliquement en garde le préfet contre
le mal qui devait l'emporter en imitant les fastes des courtisans romains et leurs jeux
de cour.
Il est intéressant de noter que le même argument de la folie (mania) que Philon
avance ici au nom de la morale est retourné par notre auteur contre Caligula dans sa
Legatio. Tournant en dérision les prétentions théocratiques de Caligula, il le décrit
une peau de bête sur le dos arpentant son palais avec une massue, se comparant sous
l'emprise d'une mania à Hercule en personne. Entre le sacré et sa dérision, il est
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