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132 LA SACRALISATION DU POUVOIR
Tant à la Chambre des pairs qu'à la Chambre des députés, les débats furent
vigoureux. L'art oratoire fut illuminé de quelques morceaux de bravoure. Le titre I
er
était évidemment le plus exposé au feu de la critique. Le comte Louis Mole
(1781-
1855) en fut l'un des adversaires les plus talentueux, lui qui avait été ministre de la
Marine de septembre 1817 à décembre 1818, avant de rallier le camp de l'opposition
libérale. Il met le doigt sur l'un des vices fondamentaux du projet ; le titre
1
er
présente,
ce qu'il appelle, une « infraction positive à l'égalité des cultes » :
Il institue des supplices pour les Français non catholiques, il définit un crime
qu'un catholique ne commettrait
pas.
C'est ainsi que l'intolérance s'insinue et fonde
peu à peu son empire. Le dogme vient d'abord humblement implorer la protection
de la loi, et bientôt il l'inspire, il s'en
empare,
et commande ou proscrit en son nom.
Après le
sacrilège
viendrait le
blasphème ;
tout péché serait assimilé au délit ou au
crime et la force se chargerait de redresser l'erreur ".
Toujours à la Chambre des pairs, le duc Achille de Broglie (1785-1870), modéré
et libéral, soucieux de préserver les principaux acquis de la Révolution, tut l'un des
orateurs les plus incisifs. Il s'efforça de démontrer le caractère inique de la loi. Qu'un
individu pénètre dans un temple protestant et profane un objet de culte, il sera ajuste
titre sévèrement puni, au même titre que celui qui commettra un acte de profanation
identique dans une église catholique. La peine sera la même. Mais que l'acte de
profanation porte sur l'« hostie consacrée », sur « le vase sacré », cet homme sera
puni de mort ; il aura le poing coupé et la tête tranchée. Or en vertu des conceptions
religieuses qui sont les leurs, tous les hommes n'ont pas nécessairement la même
conception de la sainteté
!
L'homme né hors du catholicisme n'est pas « convaincu
que la Divinité réside dans le tabernacle » ; il y a même de grandes chances qu'il
l'ignore.
Deux mois plus tard, les ténors de l'opposition seront aussi cinglants à la Chambre
des députés. Le libéral Benjamin Constant et le doctrinaire Royer-Collard furent les
principaux champions de la cause du rejet. Ce dernier, dans sa péroraison, soulignait
le projet politique camouflé sous les apparences d'un zèle religieux :
La théocratie de notre temps est moins religieuse que politique ; elle fait partie
de ce système de réaction universelle qui nous emporte
:
ce qui la recommande, c'est
qu'elle a un aspect contre-révolutionnaire. Sans doute, Messieurs, la révolution a
été impie jusqu'au fanatisme, jusqu'à la cruauté
;
mais qu'on y prenne garde, c'est
ce crime-là surtout qui l'a perdue ; et on peut prédire à la contre-révolution que
des représailles de cruautés, ne fussent-elles qu'écrites, porteront contre elle, et la
flétriront à son tour
12
.
La séparation de la loi et de la théologie, débat par excellence de la seconde moitié
du
xviir
5
siècle, était à nouveau sur le
tapis.
Le retour ou non d'une forme d'Inquisition,
l'assimilation ou non de la faute au péché et la nécessaire expiation qui s'ensuit, c'était
cela la ligne de fracture entre d'une part les partisans acharnés de la table rase absolue
des libertés nouvelles issues de la « philosophie » et de la Révolution et d'autre part
les modernistes libéraux. Rien d'étonnant à ce que le vicomte Louis de Bonald (1754-
1840),
théoricien et porte-parole de la droite extrême, pair de France, ne voie dans
la loi que la matérialisation de sa prophétie : « la Révolution qui a commencé par la
déclaration des droits de l'homme, finira par la déclaration des droits de Dieu ». Est-il
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