
172 LA SACRALISATION DU POUVOIR
Léon Dehon le prouve en proposant un programme de christianisation de la France
dans une revue intitulée Le Règne social du Sacré Cœur et fondée en 1889, Tannée
du centenaire de la Révolution. La congrégation de Grenoble manifeste son attitude
« chrétienne et patriotique », dans le sillage de son duo fondateur, par son affiliation
en 1905 à l'œuvre du Vœu national qui construit le sanctuaire de Montmartre pour le
salut de la France et le renouveau de la société
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. Elles s'associent alors à une prière
nationale, c'est-à-dire faite au nom de la France qui ne prie pas en ses représentants
officiels.
Marie-Thérèse du Cœur de
Jésus,
Théodelinde Dubouché (1809-1863)
et Jean Caubert (+ 1871)
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La réparation que propose la fondatrice de l'Adoration réparatrice n'est pas
seulement pour les péchés privés de chacun, mais aussi pour les péchés publics. La
prière pour la France y est présente, au sein des événements de 1848, dans le sillage
de Marie de Saint-Pierre Eluère et du saint homme de
Tours.
Denys Affre, archevêque
de Paris, lui donne l'autorisation de fonder une section de la confrérie voulue par eux.
Le jésuite Jean Caubert, son conseiller, mériterait d'être plus connu. Herman Cohen
(1821
-1871),
disciple de Marie-Thérèse du Cœur de Jésus et fondateur de l'Adoration
nocturne réparatrice, hérite de cet aspect patriotique et le diffuse. Cyrille de Mont
de Benque, un de ses amis, participera à la fondation de l'adoration perpétuelle
de Montmartre dans les mêmes dispositions. Un face-à-face mystique vécu en
communion avec divers interlocuteurs porte en lui la préoccupation des autres sous
leur aspect individuel comme sous leur aspect
collectif.
Marie du Sacré Cœur Bernaud
(1825-1903)
et le chanoine Laplace
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La dimension patriotique de la prière réparatrice proposée en 1863 par la
fondatrice de la Garde d'honneur, Marie-Constance Bernaud, de la Visitation de
Bourg-en-Bresse, n'est pas évidente au premier regard. Pour la faire apparaître, il
faut examiner la vie de Tarchiconfrérie et son rattachement au Vœu national. En
effet, en 1883, son directeur général, le chanoine Laplace, souscrit pour la chapelle
de la bienheureuse Marguerite-Marie afin de prendre place dans le dispositif de
reconstruction spirituelle de la France et de prendre part ainsi à la prière nationale dont
le sanctuaire est le siège. Il faudrait mieux connaître les écrits de la visitandine et de
l'ecclésiastique du diocèse de Belley pour voir si cette dimension politique s'enracine
dans l'expérience mystique vécue avant les événements de 1870. On peut la déduire
de la référence explicite à Marguerite-Marie Alacoque et à Claude La Colombière,
mais il faudrait trouver un texte.
Elisabeth de la
Croix,
Noémi Doussot (1832-1896)
et Gaston Doussot (1830-1904)
Elisabeth et Gaston sont frère et sœur, nés dans une famille anticléricale.
Tardivement, leur mère est convertie par Lacordaire. Gaston Doussot devient
dominicain en 1853 et Elisabeth, carmélite, en 1857. Ils sont amis de Hubert Rohault
de Fleury, de leur enfance à leur vieillesse. Ce dernier est le promoteur et secrétaire
général, de 1870 à 1905, du comité du Vœu national dont il a été question déjà.
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