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234 LA SACRALISATION DU POUVOIR
les faits, la situation, la guerre froide idéologique et politique nous fournissaient le
piment constant, le sentiment de risque, de défi et même de provocation qui sont pour
un travailleur de plume, un excitant sans égal» (p. 363). Et il se persuada donc que
« sa propre activité d'intellectuel [était] un service
».
Mais, dans ce cas, s'interrogeait-
il encore, pourquoi avoir eu cette satisfaction de servir si contraire à une autre
composante de l'intellectuel qui est anarchique
?
Dans son propre chef de philosophe,
ses motivations furent «universalistes mythologiques». Et les personnages du mythe
furent bien entendu des
«
concepts
»
et même des
«
allégories
»
qui avaient pour nom
:
«Classe ouvrière», «Parti» et «Expression de la Vérité» (p. 364). De plus, l'esprit de
service étant donc, pour Desanti, une partie intégrante de l'esprit philosophique (voir
Husserl), il se voyait alors comme un fonctionnaire au service du Prolétariat porteur
de l'Histoire et qui faisait l'avenir.
Comme disait encore Desanti, toujours rétrospectivement en 1975 à propos de
son article de 1949, «ce qui me paraît le plus étrange, avec un quart de siècle de recul,
est de me souvenir qu'à l'époque je croyais ce que je disais absolument vrai». Tout
cela s'articulait avec la façon dont il interprétait alors le marxisme qui représentait à
ce moment pour lui l'«expression vraie des intérêts de la classe ouvrière». Il avait
ainsi tendance à considérer que, par essence, la pratique révolutionnaire du prolétariat
et les «formes de conscience que développe cette pratique» atteignaient une «forme
supérieure de vérité
».
Pour
Desanti,
« il n'y avait aucune mauvaise foi
» :
à l'époque,
la démonstration de la différence entre science bourgeoise et science prolétarienne le
«satisfaisait»
39
. Et qu'il ait pu démontrer en 1949 cette différence au prix d'une
assertion contradictoire, qui lui faisait dire à cette époque de la science qu'elle était
une superstructure - c'était en effet contradictoire, précisait-il rétrospectivement,
car «une superstructure est transitoire, or la science ne l'est pas» -, lui vaudra ce
jugement final en 1975 qui est assez explicite quant à sa psychologie de l'époque:
«Mais je n'en étais pas gêné car la religion non plus n'est pas transitoire» (p. 366).
Autrement dit, en 1949, Desanti n'était pas gêné par la présence d'une contradiction
dans sa démonstration théorique car son rapport au marxisme-léninisme était alors
«religieux», parce qu'il avait à ce moment un respect absolu de la philosophie
officielle du Parti communiste. Sa démonstration pouvait bien être fausse - ce qu'un
intellectuel comme lui devait peut-être quand même savoir quelque part («je croyais
que c'était vrai», disait-il, et non pas «je pensais que c'était vrai»), l'adhésion
religieuse à une philosophie devenue politique, et qui exigeait impérativement pareille
démonstration (incohérente), a donc prévalu. Finalement, son attitude religieuse, son
« service » rendu au Parti, son respect d'un discours sacralisé aux confins du politique
et du philosophique, sa réforme fondamentale de son entendement, tout cela peut
aussi se dire, inversement, avec ces autres mots de Desanti: «Voilà bien le dernier
refuge de la foi, son ultime manifestation
;
ce que l'on nie, on sait bien que c'est vrai,
mais on le répudie comme non dicible, fut-ce à soi-même» (p. 367).
L'œuvre de Marx au
XIX
e
siècle
En contrepoids de ce phénomène particulièrement intense de sacralisation
aveuglante du Parti et du marxisme-léninisme stalinien à La Nouvelle Critique ou
(moins marquée) aux Editions sociales, nous voudrions rappeler comment fut reçue
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