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226 LA SACRALISATION DU POUVOIR
pas l'auteur d'une doctrine révolutionnaire ou que Kierkegaard n'est pas le précurseur
de l'existentialisme? A l'heure actuelle, pour ne parler que de Marx, comme nous
l'avons dit précédemment, personne. Mais si un homme du xrx* siècle était à même
de venir s'exprimer aujourd'hui sur ce qu'il a vécu, lu et subi comme influence
philosophique en son temps, il ne citerait sûrement pas Marx en premier lieu. En
d'autres termes, personne ne contesterait aujourd'hui l'interprétation de Lôwith quant
au rôle de Marx à condition ou «du moins tant qu'on reconstruit le xrx
e
siècle à partir
du xx* siècle, tant qu'on constate l'importance de ces auteurs dans certaines écoles
de pensée du xx* siècle pour en conclure à leur rôle révolutionnaire dans leur propre
siècle»
4
. Mais, qu'en est-il lorsqu'on regarde la littérature philosophique allemande
du xrx
c
siècle, lorsqu'on cherche le nom de Marx dans les bibliographies de l'époque
?
Les philosophes de la seconde moitié du xix* siècle étudient-ils, connaissent-ils ses
textes,
s'en inspirent-ils pour réformer la philosophie? Où sont les philosophes qui
se réclament de Marx dans les années 1850-1870? Pour Freuler, la réponse est aussi
claire que décevante pour qui croirait à une influence immédiate de Marx dans la
littérature philosophique de l'époque: on ne trouve que difficilement des philosophes
qui s'en inspirent ou s'en réclament durant cette période. Ses contemporains semblent
alors ignorer son œuvre ou
s'ils
la connaissent, devaient la juger négligeable
5
.
Ces remarques introductives ne visent toutefois pas à contester le fait qu'une
sacralisation du marxisme ou de l'œuvre de Marx a bien eu lieu à un certain moment
dans l'histoire de la philosophie et dans l'histoire politique. Elles sont destinées à
remettre ce phénomène en perspective historique afin d'en comprendre l'avènement
du point de vue d'un marxien ou d'un marxologue et de ne pas succomber ainsi
aux effets de la sacralisation ayant eu lieu au
XX
e
siècle et qui feraient croire que ce
phénomène fut donné une fois pour toutes et pour toujourss le départ de l'histoire
de l'œuvre de Marx en 1841. Confronté aujourd'hui à cette œuvre et au marxisme,
à cet «arbre gigantesque (...), toutes ces racines et cette frondaison; sa présence, sa
densité»
6
, il ne pourra être question ici d'une histoire générale de la sacralisation
politico-philosophique du marxisme ou de l'œuvre de Marx entre sa thèse sur
Démocrite et Epicure en 1841 et la dissolution de I'URSS en
1991.
Chronologiquement,
nous n'envisagerons ce phénomène de sacralisation - au sens de «ce à quoi l'on
doit un respect absolu» - qu'en un temps fort: le stalinisme (1931-1956) et plus
précisément pendant les années 1945-1949 de la guerre froide. Quant au contenu,
notre propos se limitera dans un premier temps à,
primo,
pointer l'attitude par laquelle
un certain pouvoir (politique et intellectuel) a cherché à se légitimer en se
«
donnant
à lire» - la manière dont il a mis en scène un «donné à voir» quasi sacralisé dans
l'histoire de la philosophie
;
secundo, à relever l'instauration d'un rapport également
sacralisé au texte ou d'un respect absolu à une entité conceptualisée sous la forme
d'un terme en «-isme», philosophie officielle du Parti communiste, impliquant de ce
fait l'attachement indéfectible à une filiation philosophique jugée incontestable. Il ne
sera donc question que de l'histoire «sacrée», et non pas «critique», du marxisme.
Et comme le «marxisme-léninisme» stalinien, acmé de cette sacralisation d'un objet
textuel, est aussi un phénomène historico-politique qui a pu s'avérer difficilement
compréhensible sur le plan du fonctionnement mental de ses partisans, nous
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