
LES ASSEMBLÉES PLÉNIÈRES DE
L'ÉPISCOPAT
FRANÇAIS ( 1906-1907) 201
pouvoir central de l'Eglise en rompant le lien direct entre lui et chaque évêque. Mais
la situation traversée par la « fille aînée de l'Eglise » demandait une évolution, qui ne
signifiait pas la résignation du Saint-Siège.
Ainsi les assemblées plénières de l'épiscopat français apparaissent-elles comme
des réunions spécifiques et originales. Réunies lors d'une crise profonde de l'Eglise
en France, elles sont, sous certains aspects, comme un défi lancé à Rome.
Liberté et collégialité pour défendre l'Eglise en France
La dernière réunion de l'épiscopat français ne remontait pas à la promulgation du
Concordat et des articles organiques en 1802 ". A la fin du Second Empire, la stricte
application de ceux-ci ne permit
plus
les
rencontres épiscopales
n
. Les pouvoirs publics
voyaient dans toute possibilité de réunion une faute grave, une véritable manifestation
politique d'opposition à l'autorité de l'Etat. Les délibérations communes encoururent
fréquemment la censure du Conseil d'Etat et toute concertation était regardée comme
suspecte
13
. Le pouvoir des évêques ne devait s'exercer que dans le cadre du diocèse.
La République refusait de reconnaître le corps épiscopal et acceptait encore moins
de lui accorder le droit de faire des remontrances au gouvernement. Dès lors, les
assemblées plénières de l'épiscopat vont vouloir marquer, dans leur déroulement, le
pouvoir retrouvé des évêques de se réunir librement et de se constituer en corps.
Ainsi, c'est cette liberté redonnée aux évêques qui motivait la convocation d'une
assemblée pour les catholiques laïcs. Les « transigeants », dès avant le vote définitif
de la loi, sous la plume du comte d'Haussonville, dans un article du Figaro du 29
novembre 1905
14
, invitaient l'Eglise à accepter le droit commun, à utiliser sa liberté
nouvelle pour relever le défi de la loi. Ferdinand Brunetière dans un article de La
Revue des deux mondes du 1
er
décembre 1905
,5
, se référait à l'exemple américain
des conciles de Baltimore
16
, symboles du dynamisme et de la liberté de l'Eglise en
Amérique. De même, Le Correspondant du 25 décembre 1905 appelait l'Eglise à user
de sa liberté, comme les catholiques de l'étranger, tout en appelant « au jugement de
l'autorité ecclésiastique ». Les catholiques les plus favorables à l'acceptation de la
nouvelle législation religieuse, en appelaient à la liberté retrouvée de l'Eglise et du
corps épiscopal pour envisager la question de la loi
17
et plus particulièrement son
article quatre, relatif à la création d'associations cultuelles destinées à gérer les biens
des églises et surtout son article huit qui, aux yeux de beaucoup, soumettait l'Eglise à
l'arbitraire administratif.
Les divergences de l'épiscopat devant la liberté retrouvée
L'épiscopat français se concertait, dans le cadre des provinces ecclésiastiques ou
lors de rencontres amicales, au sujet des exigences de la nouvelle loi et
de
l'opportunité
d'une assemblée. Ces discussions étaient connues du Saint-Siège
18
qui, dès novembre
1904,
s'était enquis, de façon hésitante
I9
, de l'opinion des évêques français quant au
devenir de l'Eglise post-concordataire. Les documents relatant ces échanges montrent
les divisions de l'épiscopat, quant à la nature de la réunion projetée.
M& Bardel, évêque de Séez
20
, envoya à Rome une note, dans laquelle il se
montrait un chaud partisan d'une assemblée générale des évêques de France.
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