
La loi du sacrilège dans la France
de la Restauration (1825)
Hervé HASQUIN
Eradiquer toute trace de la Révolution, rétablir la monarchie dans sa plénitude,
confondre à nouveau le temporel et le spirituel et donc restituer à la religion sa place
dans la société et le respect qui lui était précédemment dû, voilà en quelques mots,
sous forme condensée et pas même caricaturale, le programme des ultras qiu se
retrouvèrent aux commandes du royaume de France dans le sillage de Louis xvm, et
surtout de Charles x.
*
Tout commence sous le signe de
la
modération. Le
6
avril
1814,
Napoléon abdique.
Le soir même, le Sénat rétablissait la monarchie en faveur du « frère du dernier roi ».
Installé à Hartwell (Angleterre) depuis novembre 1807, Louis xvm foule à nouveau le
sol français le 24 avril. Le 4
juin,
il octroie à son royaume la Charte constitutionnelle
qui à beaucoup d'égards est plus libérale que plusieurs des Constitutions précédentes ;
elle garantit l'égalité civile devant la loi, la justice, l'impôt, les emplois publics, les
principales libertés (individuelle, de la presse, de pétition). La liberté de culte est
proclamée (article 5), mais la religion catholique redevient religion
d'Etat
(article
6).
Dans la pratique, la liberté religieuse est même mieux établie qu'en Angleterre ;
après tout, sous la Restauration, des protestants (Guizot par exemple) détiendront un
portefeuille ministériel. Au total, elle instaure « une monarchie constitutionnelle, au
pouvoir exécutif fort, équilibré par une représentation nationale à deux chambres,
issue d'un électorat de propriétaires aisés », selon l'heureuse formulation de Bertier
de Sauvigny \
Mais rapidement, le pouvoir souhaite donner des gages à l'Eglise et au clergé.
L'ordonnance du 7 juin 1814 remet en vigueur des dispositions de 1782 relatives à
l'observation des dimanches et jours de fêtes : fermeture des cabarets, interdiction du
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