
128 LA SACRALISATION DU POUVOIR
travail et du commerce. Le mécontentement est grand dans nombre de petits métiers
qui s'exercent le dimanche ; amendée - on atténue les pénalités en cas d'infraction -
l'ordonnance est transformée en loi, votée par la Chambre des députés le 22 novembre
1814
2
. Signe des temps, preuve que les mentalités ont changé et que certains retours
en arrière sont impossibles, le pouvoir, dès décembre, n'est plus guère en mesure de
la faire respecter
!
Après tout, ce genre de mesures était déjà controversé et mis à mal
dans les dernières années de l'Ancien Régime.
*
Après l'épisode des Cent jours, Napoléon abdiqua à nouveau le 22 juin 1815.
Réfugié à Gand, Louis xvm revint dans son royaume
le 25
et entra
dans
Paris le
8
juillet.
La seconde Restauration eut d'abord une collaboration libérale essentiellement sous
les ministères de Richelieu (26 septembre 1815 - fin décembre 1818, 20 février
1820 - mi-décembre 1821) et deDecazes (19 novembre 1819 - mi-février 1820).
Cette phase libérale et relativement modérée qui avait été vue avec sympathie par la
bourgeoisie d'affaires et une partie de la noblesse se termine en
1821.
Malade, affaibli
- un contemporain écrira qu'il « a pourri sur son trône » - Louis xvm sera de moins
en moins à même d'endiguer la poussée des ultras, surtout après l'assassinat du duc
de Berry, fils du comte d'Artois (février 1820).
Le triomphe des ultraroyalistes aux élections de novembre 1820 tourne une page.
Ils ne s'empareront véritablement du ministère qu'un an plus tard mais, désormais,
le pouvoir serait plus que jamais soumis aux intérêts de la religion. La Restauration
scellait aussi l'union du Trône et de l'Autel.
Trois hommes illustrèrent cette politique. Jean-Baptiste, comte de Villèle
(1773-
1854),
fut de facto à la tête du ministère de décembre 1821, - même s'il ne fut
officiellement nommé président du Conseil qu'en septembre 1822 -jusqu'en janvier
1828.
Ce membre de l'organisation secrète des « Chevaliers de la Foi », fondée en
1810,
s'était souvent montré critique à l'égard des tendances jugées trop libérales
à son goût de la Charte. Déjà ministre dans le cabinet Richelieu en 1820, il en avait
rapidement démissionné, exaspéré par trop de tiédeur.
Charles Ignace, comte de Peyronnet (1778-1854), élu député ultra en 1820,
fut le garde des Sceaux du ministère Villèle et l'instigateur des lois parmi les plus
réactionnaires de cette tranche d'histoire de France.
Enfin, comment ne pas citer parmi les activistes ultras au pouvoir Denis-
Antoine, comte de Frayssinous (1765-1841) ? Il avait refusé de prêter le serment à
la Constitution civile du clergé. Caché sous la Terreur, il s'était livré à des activités
de conférencier sous le Consulat et l'Empire qu'avait interdites Napoléon en 1809.
Evêque d'Hermopolis et aumônier du roi en
1821,
nommé grand maître de l'Université
en 1822, il fut entre 1824 et 1828, ministre de l'Instruction publique et des Cultes.
Il serait abusif de déduire de ce qui précède que la période antérieure à 1821
n'avait été qu'un long fleuve tranquille, sans tentative de remettre en cause les
équilibres que les principes de 1789 et la pratique napoléonienne avait mis en
place. D'emblée, une partie de la droite royaliste avait exprimé sa volonté de voir
accompagner la restauration politique d'une restauration religieuse.
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