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184 LA SACRALISATION DU POUVOIR
le conflit politique et la confrontation sous toutes ses formes comme un déploiement
d'énergie en lui-même positif à partir du moment où les forces antagonistes participent
à la même œuvre - en l'occurrence la grandeur de la
France.
La Jeanne de Barrés n'est
pas le chef de file d'un parti mais une figure qui doit transcender les clivages. Elle-
même ambivalente, elle peut incarner la diversité dont est tissée la France tout en la
magnifiant en une synthèse faite d'héroïsme et de sacralité.
La figure de Jeanne d'Arc dans l'œuvre de Barrés
Comme nous en avertit Ernest Kantorowicz en préambule de son essai sur les
Deux corps du roi, le mysticisme politique est enclin à perdre de son charme et à se
vider de sa signification quand il est sorti de son milieu d'origine. C'est pourquoi il
nous faut prendre soin de resituer le culte rendu à Jeanne d'Arc dans la pensée et la
sensibilité politiques de Barrés.
La première occurrence de la figure de Jeanne est fugitive, dans
Un
Homme libre,
en 1889. Emblème d'une Lorraine certes héroïque mais qui n'a pas su rester elle-
même, elle fait l'objet d'un traitement à l'emporte-pièce, sans égard : « Jeanne d'Arc,
que d'autres peuples eussent voulu honorer en lui prêtant les charmes des grandes
amoureuses, demeure, dans la légende lorraine, celle qui protège, et cela uniquement.
Elle est la sœur de génie de René u
;
persévérante, simple, très bonne et un peu
matoise »
5
. La désinvolture de l'ironiste fait peu de cas d'une figure qu'il trouve, à
ce stade de son évolution intérieure - marqué par ce qu'il nomme le bohémianisme
d'esprit -, trop enracinée et trop locale.
C'est surtout à travers Mes cahiers, commencés en 1896, que Jeanne d'Arc finit
par occuper une place de choix dans la pensée et l'imaginaire barrésiens. Barrés y
collecte les notes en vue d'un texte sur les Enfances de Jeanne qui n'aboutira pas
6
.
Comme tout ce qui compte vraiment pour Barrés le projet concernant Jeanne d'Arc
se perd « quelque part dans l'inachevé ». Seuls deux textes issus de cet archipel
poétique parviendront à la pleine lumière de la publication
:
le chapitre v des Amitiés
françaises, « Philippe à Domremy », en 1903 et « L'enfance de Jeanne d'Arc » en
1923,
publié de façon posthume dans Le Mystère en pleine lumière. Dans ces deux
textes,
la figure de Jeanne d'Arc est liée à l'enfance : dans le premier, un enfant,
Philippe, vient à Domremy poursuivre son apprentissage de ce qu'on pourrait appeler
la francité en vertu d'une pédagogie de l'imprégnation et de la présence réelle de
la mémoire à travers le lieu. La vie de Jeanne d'Arc y apparaît sinon légendaire du
moins légendée, se prêtant à la mise en vignettes, pédagogie élémentaire et poétique
par laquelle un père transmet à son fils une certaine idée de la ferveur et du don. La
Jeanne ici dessinée n'est ni la guerrière ni la suppliciée : c'est l'enfant qui court vers
sa propre destinée avec un mélange d'assurance et d'insouciance fascinant pour celui
qui a connu, dans son chemin vers lui-même, les affres de l'atermoiement : « Pour
apaiser l'émoi de Philippe, je lui raconte mille traits de Jeanne d'Arc
:
qu'elle soignait
les enfants malades dans les chaumières de Domremy ; qu'elle aimait à prier dans
l'église au milieu des garçons et des filles recueillis par les Franciscains et qu'on
appelait les « petits-enfants des mendiants » ; qu'elle et ses camarades couraient,
en se tenant par la main, du haut en bas de la colline, du Bois-Chesnu jusqu'à la
rivière, à travers la prairie »
7
. On ne sait plus, dans l'effort d'empathie que nécessite
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